Un trésor architectural à découvrir : l’immeuble au coin de la rue de l’Académie et de la rue Agimont à Liège
En vous promenant dans les rues de Liège, à l’angle de la rue de l’Académie et de la rue Agimont, vous tomberez sur un immeuble qui attire immédiatement l’attention. Avec ses trois niveaux élégamment construits en briques et calcaire, et sa tourelle coiffée d’une flèche octogonale, cet édifice se distingue par un mélange subtil de styles. Mais derrière cette façade remarquable, il y a une histoire tout aussi captivante, celle de l’architecte Joseph Nusbaum et de son œuvre.
L’architecte Joseph Nusbaum, un créateur à la croisée des styles
Né en 1876 à Liège, Joseph Nusbaum est un nom que l’on associe souvent à l’architecture Art nouveau, mais son travail ne se limite pas à ce style. Diplômé de l’Institut G. Closset en 1902, une école spéciale d’architecture et de génie civil située rue Souverain-Pont, il a réalisé plusieurs œuvres à Liège entre 1904 et 1910. Parmi ses projets, on retrouve notamment une séquence de maisons dans la rue Léon Mignon, qui témoignent de son attachement à l’Art nouveau.
Cependant, l’immeuble du coin de la rue Agimont, construit en 1904 pour le compte de la Société Anonyme d’assurance « Le Sauveur » de Paris, se distingue par un style plus éclectique. Nusbaum a su y combiner des influences locales, notamment le style néo-mosan, avec des touches plus personnelles, comme sa signature gravée sur la façade.
Une façade aux détails soignés
La façade de cet immeuble révèle un véritable savoir-faire artisanal. Construite en briques rouges et pierres calcaires sur un soubassement de moellons de grès, elle offre une combinaison harmonieuse de matériaux. Le rez-de-chaussée, percé de trois grandes baies rectangulaires, présente des appuis saillants qui forment un bandeau continu, évoquant une forteresse. Aux étages, les fenêtres à croisées et à traverse ajoutent une symétrie élégante à l’ensemble.
Un détail fascinant se trouve juste sous ces fenêtres : la signature de l’architecte Joseph Nusbaum. Cette signature n’est pas seulement un nom gravé, elle s’inscrit dans le style Art nouveau, avec des feuilles de noyer stylisées, un clin d’œil à son nom de famille, « Nussbaum », qui signifie « noyer » en allemand. Ce type de personnalisation dans l’architecture est un exemple unique du lien entre l’artiste et son œuvre.
La tourelle d’angle, une touche d’élégance
Un des éléments les plus frappants de l’immeuble est sa tourelle d’angle, qui s’élève fièrement sur trois niveaux, couronnés par une flèche octogonale. Ce type de tourelle, typique des constructions d’influence Renaissance, apporte une touche de verticalité et de grandeur à l’immeuble. À la base de cette tourelle, une entrée en pierre finement taillée, avec une baie surmontée d’une console, invite les passants à imaginer ce qui se trouve à l’intérieur.
Les sgraffites, un trésor caché sous le surpeint
En observant la façade de plus près, on remarque des sgraffites ornementaux, placés dans les panneaux de la structure en colombage, notamment au centre de la façade vers la rue Agimont. Ces motifs, représentant des rameaux portant des feuilles et des fleurs à cinq pétales, sont simples, mais élégants. Ils ornent les espaces entre les étages, sous les fenêtres ou entre les travées.
Malheureusement, ces sgraffites sont aujourd’hui recouverts d’un surpeint blanc, ce qui rend difficile l’appréciation de leurs couleurs d’origine. Cependant, les couches d’enduit sont bien conservées, et les motifs restent visibles pour qui prend le temps de les chercher. C’est un élément décoratif discret, mais précieux, qui rappelle l’attention aux détails de Nusbaum.
Un exemple d’éclectisme architectural à Liège
Cet immeuble est un parfait exemple du style éclectique, très en vogue à la fin du 19e et au début du 20e siècle. Joseph Nusbaum a su marier des influences variées, de l’Art nouveau aux références néo-mosanes, pour créer un bâtiment unique dans le paysage de Liège. En choisissant d’incorporer des éléments de la Renaissance, tout en ajoutant des touches modernes, Nusbaum montre sa capacité à réinventer les styles traditionnels.
Ce bâtiment témoigne non seulement du talent de Joseph Nusbaum, mais aussi de l’évolution de l’architecture à Liège au début du 20e siècle. C’est un exemple de l’élégance de cette époque, où chaque détail comptait, des façades aux motifs cachés comme les sgraffites. Aujourd’hui, alors que les styles architecturaux changent, il est essentiel de protéger et de valoriser ce type de patrimoine, véritable héritage culturel pour les générations futures.
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