Eva Herbiet et Freddy Wybaux : le couple d’artistes du Palais des Congrès à Liège
Le Palais des Congrès de Liège, édifice moderne situé dans le parc de la Boverie, est l’une des réalisations architecturales les plus marquantes de la ville. Construit entre 1956 et 1958 par le groupe d’architectes « L’Équerre », ce bâtiment en béton et verre, recouvert de calcaire de Vinalmont, se distingue par son intégration dans le paysage, en bord de Meuse. En plus de remplir sa fonction de lieu de rassemblement, le Palais des Congrès abrite plusieurs œuvres d’art public, dont deux créations majeures signées par le couple d’artistes Eva Herbiet et Freddy Wybaux. Ces œuvres, qui décorent les façades du bâtiment, témoignent d’une collaboration exceptionnelle dans l’Art public liégeois des années 50 et 60.
Le Palais des Congrès : un cadre pour l’art public
Le Palais des Congrès n’est pas seulement un lieu de rencontres et de conférences. Il incarne aussi un véritable espace de dialogue entre l’architecture et l’art, où sculptures et fresques prennent toute leur place dans le décor tant intérieur qu’extérieur. Conçu dans un esprit résolument moderne, le bâtiment se distingue par une horizontalité qui lui permet de s’intégrer harmonieusement au paysage du parc. La grande salle des pas perdus, baignée de lumière grâce à une verrière occidentale, offre une expérience unique à ses visiteurs, et les œuvres artistiques présentes ne sont pas en reste.
Les deux pièces majeures créées par Eva Herbiet et Freddy Wybaux jouent un rôle clé dans l’esthétique globale du Palais. Leur présence met en valeur le mariage de l’art abstrait avec l’architecture moderne et contribue à l’atmosphère particulière de cet espace.
Freddy Wybaux : la sculpture dynamique et l’abstraction géométrique
Né en 1906 à Molenbeek-Saint-Jean et formé aux académies de Liège et d’Anvers, Freddy Wybaux s’impose dans les années 30-40 comme un sculpteur d’un grand raffinement technique. Sa passion pour l’abstraction le pousse à adopter des formes géométriques et des volumes dynamiques, caractéristiques de son œuvre. Formé à la sculpture sur bois, il explore ensuite des matériaux comme le plâtre, la céramique, et le métal, en quête d’une harmonie entre la forme et l’espace.
Au Palais des Congrès, son relief sculpté sur la façade nord devient l’un des éléments visuels forts du bâtiment. Cette œuvre, réalisée en 1958, contraste avec la solidité du calcaire, sa matière principale, grâce à son dynamisme et à son mouvement ascendant. Les lignes, qui semblent se déployer vers le ciel, apportent une énergie particulière à l’architecture du Palais, tout en restant dans l’esprit de l’abstraction géométrique propre aux années 50.
Eva Herbiet : l’abstraction colorée et la céramique murale
Née à Cerexhe-Heuseux en 1913, Eva Herbiet est une artiste profondément marquée par son époque, qui se distingue par son approche de l’abstraction. Dans ses œuvres, les formes sont fluides et dynamiques, le tout accompagné d’une utilisation audacieuse des couleurs. Elle parvient à insuffler une grande sensibilité à ses pièces, par le biais de matériaux tels que la céramique et la peinture.
L’œuvre qu’elle réalise pour le Palais des Congrès, une fresque murale en céramique, est un témoignage de son talent à transformer l’espace. Située à l’entrée du bâtiment, cette composition se distingue par l’utilisation de formes géométriques et de couleurs vives, créant une sensation de mouvement et de lumière. Les déplacements de surface et le dynamisme ascensionnel de l’œuvre évoquent un sentiment d’élan vers le futur, en résonance avec l’esprit de modernité du Palais.
Un couple d’artistes : une rare collaboration dans l’art public à Liège
Ce qui rend l’histoire de ces œuvres encore plus unique, c’est le couple d’artistes que formait Eva Herbiet et Freddy Wybaux. Mariés dans la vie comme dans l’art, les deux créateurs forment une équipe rare dans le monde de l’Art public liégeois. Leur collaboration dépasse le cadre personnel pour offrir une fusion de leurs styles respectifs, chacun apportant son sens du mouvement et de la couleur dans un dialogue subtil.
À une époque où l’Art public à Liège est souvent le fait d’artistes individuels, le fait que deux artistes conjoints aient contribué ensemble à l’embellissement d’un lieu aussi emblématique que le Palais des Congrès est un phénomène rare. Leur collaboration est un témoignage de la manière dont l’art, l’architecture et les artistes peuvent se nourrir mutuellement pour créer une œuvre intégrée et cohérente.
La Tour Cybernétique de Nicolas Schöffer : une modernité technologique du Palais
En plus des créations de Wybaux et Herbiet, le Palais des Congrès abrite une œuvre d’une importance capitale dans le paysage artistique de Liège : la Tour Cybernétique de Nicolas Schöffer. Cette œuvre futuriste, intégrant des éléments de technologie et de lumière, est une sculpture monumentale qui symbolise l’avant-garde technologique des années 60. Classée patrimoine exceptionnel de Wallonie, elle se dresse comme un monument à la fois artistique et technologique, offrant une vision novatrice de l’art dans l’espace public.
La Tour Cybernétique entre en résonance avec les créations de Wybaux et Herbiet. Tandis que Wybaux joue sur le volume et le mouvement sculptural, et qu’Herbiet utilise la couleur pour insuffler du dynamisme, Schöffer intègre la lumière et la mécanique dans l’œuvre. Ensemble, ces trois éléments artistiques racontent l’histoire de l’Art public dans les années 50 et 60, où l’architecture, l’art et la technologie se rencontrent pour imaginer un futur harmonieux.
Et pour conclure…
Les œuvres de Freddy Wybaux et Eva Herbiet au Palais des Congrès ne sont pas seulement des éléments décoratifs ; elles sont le fruit d’une collaboration artistique exceptionnelle qui a marqué l’histoire de l’art public à Liège. Leur présence dans ce bâtiment emblématique témoigne de l’intelligence et de la créativité des artistes belges de l’après-guerre, tout en soulignant l’importance de l’art dans l’espace public. Ces créations, inscrites dans le cadre moderne du Palais des Congrès, continuent aujourd’hui à raconter l’histoire d’une époque de renouveau artistique, et de la collaboration unique entre un couple d’artistes qui ont su allier leurs talents pour offrir à Liège un patrimoine visuel hors du commun.




