La Renaissance du Sgraffite : Entre Héritage et Modernité

Renaissance du Sgraffite à Liège : Tradition et Innovation

Le sgraffite, une technique décorative ancestrale, remonte à l’Antiquité, mais c’est véritablement à la Renaissance européenne qu’elle connaît un premier renouveau. Utilisée pour embellir les façades avec des motifs complexes, elle devient un vecteur de créativité et d’expression, fusionnant habilement l’art et l’architecture.

Toutefois, c’est dans la seconde moitié du XIXe siècle que le sgraffite s’impose comme une technique phare dans les arts décoratifs européens. À une époque où la polychromie architecturale revient en force, les architectes et artistes redécouvrent cette méthode artisanale pour enrichir les façades de bâtiments prestigieux. L’engouement pour le sgraffite atteint son apogée vers 1890, en particulier en Belgique, où il s’inscrit pleinement dans l’élan moderniste du style Art nouveau. Ce courant, avant-gardiste et audacieux, se marie parfaitement avec les lignes délicates et les contrastes subtils offerts par cette technique.

Largement utilisée jusqu’aux années 1910, le sgraffite s’efface peu à peu après la Première Guerre mondiale, au moment où l’Art nouveau et l’éclectisme cèdent la place à des esthétiques plus rigides, telles que l’Art déco. Un des derniers exemples majeurs de sgraffite à Liège se trouve sur la façade de l’architecte Clément Pirnay, rue Dartois. Réalisée en 1920, cette imposante composition marque à la fois l’apogée et le déclin de cette technique dans la région.

Mais le sgraffite n’a jamais totalement disparu. Un exemple saisissant de sa renaissance récente est visible au numéro 46 de la rue de Fétinne. Là, un projet audacieux a vu le jour en 2007, lorsque le propriétaire a fait appel à l’artiste liégeois Eric Van de Berg pour imaginer une frise contemporaine en sgraffite, renouant ainsi avec cette technique ancienne. Graphiste et photographe, Eric Van de Berg, qui enseigne à l’Institut Saint-Luc de Liège, a conçu un dessin moderne, exécuté avec brio par Benoît Higny et Célia Deroanne. Cette œuvre, ancrée dans le présent tout en respectant les traditions du passé, démontre que le sgraffite peut encore s’inscrire dans les tendances esthétiques contemporaines.

Liège, ville marquée par une riche histoire Art nouveau, possède de nombreux témoignages du faste décoratif qu’offrait le sgraffite à cette époque. Pourtant, cette réalisation de la rue de Fétinne ne se contente pas de faire écho au passé, elle ouvre la voie à une nouvelle interprétation. Cette démarche innovante nous rappelle que les techniques artisanales ne demandent qu’un souffle de créativité pour renaître et s’intégrer harmonieusement dans le tissu urbain d’aujourd’hui.

L’alliance entre un savoir-faire traditionnel et un regard contemporain, telle qu’illustrée dans ce projet, pourrait-elle insuffler une nouvelle vie au sgraffite dans l’architecture moderne ?

Seul l’avenir nous le dira, mais cette expérience démontre qu’avec audace et imagination, ce procédé décoratif a encore de beaux jours devant lui.

 

Sgraffite contemporain rue de Fétinne à Liège
Sgraffite contemporain rue de Fétinne à Liège