Beauté et Patrimoine : le sgraffite méconnu de la rue Étienne Soubre

À la découverte du sgraffite de la rue Étienne Soubre à Liège

Dans le quartier de Liège où l’architecture révèle tout un pan de l’histoire artistique locale, la rue Étienne Soubre relie la rue César Franck à la rue Wazon. Créée vers 1898 et baptisée en 1900, elle honore le compositeur et professeur liégeois Étienne Soubre, figure musicale du XIXe siècle et ancien directeur du Conservatoire de Liège.

Cette rue, parsemée de maisons au style éclectique et Art nouveau, accueille en son sein des œuvres uniques, signées de maîtres de l’architecture liégeoise. Parmi elles, au numéro 29, se dresse une maison remarquable, réalisée par l’architecte Joseph Crahay, qui a marqué l’architecture de la ville par quelques créations élégantes et soignées (exemple : rue du Parc au n°51).

Une maison signée Joseph Crahay

Au numéro 29, la façade de la maison attire le regard avec ses baies à linteau bombé, ses fins larmiers moulurés et ses ferronneries finement ouvragées, emblématiques du style Art nouveau. L’architecte Joseph Crahay a su insuffler à cette demeure un charme intemporel, caractéristique de l’élégance propre au début du XXe siècle. Mais la singularité de cette façade réside surtout dans son sgraffite, une fresque magistrale qui attire l’attention des passants.

Le sgraffite : une fresque bucolique de 6 mètres

Sous la corniche de la maison s’étend le plus long sgraffite de la ville de Liège, d’une longueur impressionnante de 6 mètres. Ce large bandeau rectangulaire, réalisé dans la tradition de l’Art nouveau, présente une scène champêtre et harmonieuse : un jardinier coiffé d’un chapeau de paille y porte un râteau sur son épaule, se détachant sur un arrière-plan de paysage bucolique parsemé de bosquets et encadré de branches de marronniers aux extrémités. Les teintes automnales – vert, brun, beige, jaune – confèrent à l’œuvre une atmosphère sereine et nostalgique, comme un hommage discret aux paysages naturels.

En 2008, ce sgraffite a bénéficié d’une restauration minutieuse, orchestrée par Geoffrey Calcagnini, qui a redonné éclat et intensité aux couleurs, redonnant vie à cette œuvre après des années d’exposition aux éléments.

Invitation à la découverte

En parcourant la rue Étienne Soubre, les amoureux d’Art et de Patrimoine sont invités à s’arrêter devant cette façade pour apprécier le savoir-faire architectural et artistique de l’époque. Ce sgraffite, unique par son ampleur et son style, offre un aperçu de l’Art nouveau liégeois dans toute sa finesse et invite à la contemplation d’une époque où l’art et la nature ne faisaient qu’un. Une halte pleine de charme dans un quartier où l’histoire et la beauté se rencontrent.

Sgraffite sur une maison de J. Crahay, rue Étienne Soubre à Liège
Maison de l’architecte J. Crahay, rue Étienne Soubre à Liège