La maison de l’architecte Joseph Nusbaum et ses sgraffites

La maison de l’architecte Joseph Nusbaum et ses sgraffites, rue Léon Mignon à Liège.

Poursuivons notre exploration de la rue Léon Mignon à Liège, où se dévoile un nouvel exemple du talent de Joseph Nusbaum. Cette fois, c’est devant le n° 15, la maison personnelle conçue par l’architecte en 1904, que nous nous arrêtons.

Si cette bâtisse de style Art nouveau impressionne par son élégance et sa structure équilibrée, elle se distingue surtout par une décoration remarquable : des sgraffites, véritables tableaux peints qui ornent la façade et invitent à un voyage poétique entre ciel et terre.

Une façade soignée et harmonieuse

La maison, bâtie en brique et calcaire sur un soubassement de moellons de grès, s’élève sur trois niveaux et deux travées. Les fenêtres rectangulaires, aux encadrements en pierre soigneusement chaînés, sont mises en valeur par des linteaux et appuis prolongés en bandeaux continus.

Mais le véritable point focal est l’oriel, une grande fenêtre en saillie soutenue par des consoles métalliques, qui domine la façade. Cet élément architectural, typique de l’Art nouveau, est richement décoré et sert de toile de fond aux somptueux sgraffites.

Les sgraffites : entre terre et ciel

Les sgraffites, ces panneaux décoratifs réalisés par superposition d’enduits colorés, occupent plusieurs zones de la façade et se déclinent en scènes terrestres et célestes, reflétant l’équilibre et l’harmonie de la nature.

Les frises d’attique : un paysage stylisé

Juste sous la corniche, deux séries de panneaux quadrangulaires forment une frise :

  • À gauche, deux panneaux représentent un bouquet stylisé avec trois fleurs, des feuilles et une plante en pot, peut-être un bonsaï.
  • À droite, quatre panneaux dépeignent une scène bucolique : un chemin ou une rivière passant sous un pont, entouré de massifs arbustifs et d’une végétation généreuse.

Ces images, simples, mais évocatrices, invitent à un moment de sérénité.

L’oriel : une narration entre deux mondes

L’oriel est le cœur de la composition artistique. Il se divise en deux parties, chacune racontant une histoire différente :

  • Dans la partie inférieure, les panneaux illustrent le monde terrestre. Un plan d’eau bordé de nénuphars et de roseaux occupe le centre, tandis que, dans le lointain, on distingue un hameau perché sur une colline, avec une église et une maison fumante. Des arbres et des buissons encadrent la scène, renforçant l’impression de calme et de nature luxuriante.
  • Dans la partie supérieure, les panneaux dépeignent le monde aérien, où des oiseaux (probablement des colombes) survolent les cimes des arbres, le tout sur fond d’un ciel traversé par de longs nuages. Cette scène légère et poétique contraste avec la densité de la nature terrestre.

Ces compositions, séparées par des montants en bois, évoquent une continuité harmonieuse entre la vie terrestre et les hauteurs célestes.

Une maison pensée comme une œuvre d’art

La maison du n° 15, rue Léon Mignon, montre à quel point Joseph Nusbaum voyait chaque bâtiment comme une toile à peindre. À travers ses sgraffites, il célèbre la nature dans toute sa diversité et ses contrastes.

Avec ce nouvel exemple, Nusbaum affirme encore une fois son talent à faire dialoguer l’architecture et l’art, transformant une façade en une véritable fresque vivante.

La maison de l’architecte Joseph Nusbam et ses sgraffites, rue Léon Mignon à Liège.